L'Oeuvre de James COIGNARD
Dans les premières années sa peinture est figurative et on le classe volontiers dans la lignée des peintres de l'Ecole de Paris, mais très rapidement son style devient singulier et il se distingue des différents courants artistiques pour créer un univers propre qui s'inscrit résolument dans la peinture de son époque sans se revendiquer d'une influence ou d'un courant.
Son mode d'expression a évolué du figuratif à l'abstrait avant un retour à une mixité que l'on pourrait qualifier d'abstraction figurative, mais la touche personnelle et les fondamentaux de son dialogue avec la toile communiquent à l'ensemble de son oeuvre une homogénéité et une parfaite cohérence artistique qui la rendent totalement reconnaissable.
Il est bien évidemment difficile, sans être réducteur, de tenter de décrire un parcours aussi vaste, d'autant que l'artiste lui-même n'était pas enclin à la confidence ou à l'explication. Il existe cependant certaines constantes, certains points marquants dans l'univers de James Coignard :
Une dimension spatiale
Pour l'artiste, le tableau est un univers clos, généralement bordé par des lignes qui indiquent
que «tout se passe à l'intérieur de cette surface». Il ne s'agit pas d'un enfermement
mais plutôt d'une focalisation sur le cœur de l'oeuvre, d'une concentration de l'attention du spectateur. Certaines peintures sont des fenêtres ouvertes sur l'imaginaire de chacun, des clés pour l'évasion; dans la peinture de Coignard la démarche nous semble plus introspective, le tableau renvoi le spectateur à lui même, le concentre, le fait pénétrer. Certes l'imaginaire est présent mais au service d'un questionnement qui donne au travail de James Coignard sa densité et son universalité.
Une épaisseur «historique»
Même si la conception du tableau s'inscrit dans un temps limité, «elle est le peintre», elle contient sa vie, son savoir et son être. Le sujet n'est que la résultante entre le geste créatif et l'histoire de son concepteur. Cette dimension l'artiste la matérialise par une épaisseur de matière qui symbolise, qui suggère une histoire non décrite sur la toile mais contenue, comme une accumulation des souvenirs encore vivaces mais aussi des oublis et des mémoires disparues. L'état de surface des œuvres, leurs craquelures, leurs collages, leurs ajouts sont autant de signes de ce «contenu» pressenti.
Un langage universel
James Coignard a choisi de s'adresser à l'homme par delà ses différences en choisissant de s'appuyer sur le pouvoir d'évocation universel des signes. Le signe est une écriture ressentie par tous, sa signification peut varier, l'imaginaire induit est très souvent différent d'une culture à l'autre, mais il est toujours générateur de sens, en cela il constitue assurément un déclencheur d'émotion, presque un langage universel.
Les tableaux de James Coignard ne prétendent pas décrire précisément ou délivrer un message intelligible par tous, mais déclencher des réactions qu'il appartiendra à chacun d'interpréter avec sa propre sensibilité, sa culture et son histoire. Que ce soit une flèche, une croix, une lettre, elle peut-être la clé d'entrée dans la toile ou son aboutissement mais jamais elle n'est neutre dans la lecture du tableau.
Une construction graphique
La construction graphique est un élément essentiel de l'oeuvre de James Coignard, sans pour autant en constituer sa finalité, elle intervient plutôt comme un contexte qui laisse l'esprit circuler dans l'apaisement ou la stimulation.
C'est elle qui va communiquer le rythme de la toile, son équilibre. Il n'y a aucune perspective dans les tableaux qui permettrait de s'échapper, tout se passe dans cette surface délimitée. Le rythme des formes, la symbolique des signes, l'omniprésence de la couleur principale qui capte le regard à l'image des prédateurs hypnotiques, constituent un espace fascinant.
A cette construction graphique s'ajoutent des matières, des collages, des coutures, des brûlures, qui l'enrichissent et densifient le champ des émotions.
Homme de création James Coignard a sans cesse cherché, douté, refait maintes fois, inventé, pour trouver son propre chemin, sa propre trajectoire artistique au service d'une perception du monde et des rapports humains personnels, loin des dictats de la technique ou des courants artistiques reconnus ( ou à la mode…). C'est un passionné de «l'homme», mais il ne laisse apparaître que les interrogations, les sensations originelles sans les imager, sans les représenter, juste les ressentir.
« … je me suis rendu compte que depuis toujours j'aimais affirmer ma liberté au dépend de la matière, de la technique. J'ai voulu être libre d'un carré, d'un corps, d'une couleur, d'un blanc d'une architecture classique ou brisée…..
…. Je suis fier d'avoir multiplié mes doutes et de savoir que la liberté est de se laisser porter par le seul plaisir de faire »
James Coignard
découverte de la gravure au Carborundum
Le carborundum est une poudre inventé à la fin du XIX ème siècle par un américain pour des applications industrielles mais il faut attendre 1968 pour que Henri Goetz découvre des utilisations possible dans la gravure.
Le procédé est assez simple mais en rupture total avec techniques traditionnelles de la taille douce qui enlève de la matière afin de créer le creux qui retient l'encre avant de la déposer sur le papier.
A l'inverse dans cette nouvelle technique, la poudre de carborundum liée à des vernis ou des colles vient en surépaisseur sur le support créant ainsi des reliefs qui vont retenir l'encre mais également modeler la surface du papier lors du passage en presse, lui donner des formes, de la matière et ainsi offrir de nouvelles opportunités dans la création.
De nombreux artistes se sont essayé à cette technique, ou comme James Coignard l'ont totalement adopté, on peut citer Antoni Clave, Max Papart, Miguel Barcelo ou Antoni Tapies. Elle est toujours utilisée aujourd'hui en particulier à l'atelier PASNIC qui en a fait sa spécialité.
Cependant, ce n'est pas pour l'attrait d'un méthode nouvelle que James Coignard s'est intéressé à ce type de gravure ( il n'était pas graveur auparavant ) mais réellement pour le champ des possibles qu'elle offrait.
En premier, au niveau des sensations, il reconnaissait un geste identique à celui du peintre qui travaille en ajout de matière et non en retrait, en épaisseur et non en creux.
En second, James Coignard, artiste de la matière, de l'épaisseur, du relief des couches superposées a tout de suite perçu les possibilités offertes par la transformation de la surface du papier. Elles ont enrichi, ce besoin de travailler dans la profondeur, dans «l'histoire» du tableau, qui anime l'ensemble de son œuvre.
Les papiers enfin ont une importance essentielle, leur grain, leur porosité, leur poids, la structure des fibres sont des éléments totalement participatifs du rendu final. James Coignard a travaillé sur des papiers généralement fabriqués à la main dont les épaisseurs pouvaient atteindre plusieurs millimètres pour servir la mise en relief.
Bien que s'inscrivant dans la catégorie des multiples, il a toujours eu à cœur de limiter le nombre de tirage à 30 ou 40 exemplaires qui sont pour la plupart repris à la main avec des ajouts de collages, de signes ou de lettres faisant de chaque gravure des pièces quasi uniques.
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